La BCE conclut sa phase de tests sur la tokenisation d'actifs de règlement
9 décembre 2024

La Banque centrale européenne (BCE) a récemment finalisé une série de tests exploratoires sur la tokenisation des actifs financiers. Ces initiatives, menées en collaboration avec de grandes institutions financières, visaient à évaluer la faisabilité et les limites de l'intégration des technologies de registres distribués (DLT) dans le règlement des transactions financières.
La BCE a joué un rôle central dans ces tests en fournissant un actif de règlement au sein de l'écosystème tokenisé : la monnaie numérique de banque centrale de gros (wCBDC).
L'approche européenne des marchés financiers tokenisés
Le déploiement d'un système de règlement pour les transactions d'actifs tokenisés pourrait rendre les marchés financiers plus efficients, transparents et sécurisés, tout en réduisant les coûts et en améliorant l'accessibilité aux marchés de capitaux.
Face à l'intérêt croissant pour les DLT dans les transactions d'actifs financiers, la BCE a lancé des travaux exploratoires pour évaluer diverses solutions d'interopérabilité entre les services de règlement TARGET et les plateformes DLT. L'objectif est de garantir que la monnaie de banque centrale reste un actif de règlement fiable dans les infrastructures financières de demain.
Des tests collaboratifs avec les institutions financières
Entre mai et novembre 2024, les tests exploratoires de l’Eurosystème ont permis de traiter plus de 200 transactions pour un total de 1,59 milliard d’euros. Trois banques centrales ont réuni 64 participants, parmi lesquels des banques, des gestionnaires d'actifs, des dépositaires centraux et des opérateurs de DLT.
L’Eurosystème a expérimenté trois approches différentes d’interopérabilité : le Trigger Bridge avec la Deutsche Bundesbank, le TIPS Hash Link avec la Banca d’Italia, et l’interopérabilité DLT complète avec la Banque de France.
Certaines solutions ont permis aux plateformes DLT externes de se connecter aux services TARGET de la BCE, notamment le système de règlement brut en temps réel T2, pour effectuer des transactions en monnaie de banque centrale.
Un exemple concret de ces tests a été l'émission primaire d'obligations par des institutions financières, des entreprises et un État souverain, réglée en monnaie de banque centrale de gros dans le cadre de la livraison contre paiement (DvP). L'émission récente par la Caisse des Dépôts de sa première obligation en euro numérique, entrait dans le cadre de l'expérimentation menée par la Banque de France, en utilisant sa solution DL3S.
Phase de conclusion : vers une intégration généralisée des DLT ?
Les tests menés par l'Eurosystème sont désormais terminés, ouvrant la voie à une phase de conclusion. Celle-ci impliquera une analyse approfondie des résultats des tests pour tirer des enseignements sur l'intégration future des DLT dans les infrastructures de marché et de règlement financiers. Plusieurs scénarios sont envisageables :
- Une nouvelle phase de tests pourrait être initiée pour explorer des aspects plus spécifiques de la tokenisation ou tester de nouvelles solutions.
- La BCE pourrait publier des lignes directrices pour la mise en œuvre de la tokenisation dans les années à venir.
A travers ces travaux, la BCE s'engage à soutenir l'adoption de la tokenisation en veillant à préserver la stabilité financière. La décision finale sur la manière de procéder sera prise après une analyse approfondie des résultats des tests.
Les banques centrales nationales collectent désormais les données issues de ces tests afin d'évaluer leurs solutions et de formuler des recommandations sur les fonctionnalités nécessaires pour les transactions de règlement sur les blockchains.